Une nouvelle étape s’ouvre dans les relations maroco-américaines sur la base du «Dialogue stratégique» lancé le 15 septembre à Washington. De nouveaux domaines feront l’objet d’une coopération plus étroite entre les deux partenaires.
«Les Etats-Unis doivent doper leur relations politiques et économiques avec le Maroc, un pays du Maghreb qui doit servir de modèle pour la région». C’est ainsi que s’est exprimée la secrétaire d'Etat américaine lors de la session inaugurale du Dialogue stratégique Maroc-USA qu’elle a co-présidée avec le ministre marocain des Affaires étrangères, hier (13 septembre 2012) à Washington. Dans son discours, Hillary Clinton a rappelé que le Maroc avait été le premier pays au monde à reconnaître en 1777 l'indépendance américaine. «Mais une amitié de longue date ne nous suffit pas. Nous voulons une amitié dynamique, en mouvement et tournée vers l'avenir», a-t-elle ajouté. De son côté, Saâdeddine El Othmani a assuré que le Maroc ferait «de son mieux pour enrichir une relation stratégique dans le meilleur intérêt de nos deux peuples».
C’est un secret de polichinelle, se sont les entreprises américaines qui profitent le mieux de l'accord de libre échange liant, depuis 2006, le Royaume aux Etats-Unis. Même l’ambassadeur américain à Rabat, Samuel Kaplan, le reconnaît, sans faux fuyants. Le Maroc espère donc équilibrer la balance. Pour ce faire, le pays a un sérieux projet à défendre, celui des énergies renouvelables. Mais pas seulement. Selon des sources proches du dossier, le Royaume se présente aussi dans les négociations comme un hub continental devant permettre aux investisseurs américains de commercer avec différents pays africains, voire d’y investir.
Première bonne nouvelle annoncée, Washington va débloquer 1,5 million de dollars pour aider le Maroc à attirer des investisseurs étrangers et lutter contre la corruption.
Par ailleurs, les nouvelles négociations concerneront aussi les volets politique, sécuritaire, culturel et éducatif. Ce n’est donc pas pour rien que l’on parle désormais de «Dialogue stratégique».
Dans le domaine politique, le soutien des Américains à la proposition marocaine pour le règlement du conflit du Sahara, par exemple, est acquis. L'Administration américaine réaffirme, à chaque occasion, son soutien au plan marocain d'autonomie au Sahara, «depuis l'administration Clinton jusqu'à celle d'Obama en passant par l'exécutif que dirigeait le Président George W. Bush», comme l’avait rappelée Hillary Clinton lors de sa dernière visite au Maroc.
Dans le domaine de la sécurité, c’est connu, le Maroc est un allié stratégique des Etats-Unis, hors OTAN. Il a non seulement un rôle moteur à jouer dans la recherche de la paix au Moyen-Orient et dans des pays comme la Syrie, mais il est également un acteur majeur dans la lutte contre le terrorisme en Afrique.
Les canaux de coopération sont donc nombreux, mais ils seraient sans âme sans développement des échanges humains pouvant renforcer les relations entre les deux peuples. «Parmi les thématiques inscrites dans l’ordre du jour de ce dialogue stratégique, le volet de la coopération culturelle, éducative et associative occupe une place de premier plan», note Elarbi Imad, directeur du MEPI Alumni au Maroc. Pour rappel, MEPI est une initiative présidentielle américaine de partenariat avec le Moyen-Orient dont le but est de soutenir les efforts de réformes économiques, politiques et éducatives entrepris dans cette région et d’offrir des perspectives d’avenir surtout pour les femmes et les jeunes. Elarbi Imad donne d’ailleurs le programme Mepi, comme un exemple réussi de la coopération maroco-américaine.Il souligne à ce propos que le Centre marocain d’éducation civique (MCCE) qu’il préside s’est vu accorder le statut de coordonnateur pour le Maroc. «Par le biais de ce projet, le Mcce est à même de procéder à l’implantation de projets d’actions au profit des jeunes à travers tout le Maroc», affirme-t-il, ajoutant que plusieurs organisations nationales sont liées par des conventions de partenariat avec leurs homologues américaines.
Au Maroc comme aux USA, les responsables des deux pays affirment qu’ils sont conscients de l’importance du volet humain de la coopération. D’où leur intention de multiplier les occasions pour des échanges culturels et éducatifs. L’enthousiasme est donc à son comble. C’est de bon augure pour la suite.
Le Maroc condamne
Dans son discours, Saâdeddine El Othmani a présenté ses condoléances pour la mort de quatre Américains, dont l'ambassadeur en Libye, dans l'attaque du consulat américain perpétrée le 11 septembre 2012 à Benghazi en Libye. Le Maroc qualifie cet acte d'«agression ignoble», tout en condamnant «fermement» le film dénigrant l'islam à l'origine de violences dans le monde arabe.